Immobilier : Les nouvelles lois bouleversent le paysage français

Le secteur immobilier français connaît une transformation majeure avec l’entrée en vigueur de nouvelles lois et réglementations. Ces changements, visant à moderniser et à réguler le marché, impactent propriétaires, locataires et professionnels du secteur. Découvrons ensemble les principales évolutions et leurs conséquences sur le paysage immobilier hexagonal.

La loi Climat et Résilience : vers un parc immobilier plus écologique

La loi Climat et Résilience, adoptée en août 2021, introduit des mesures ambitieuses pour lutter contre le changement climatique dans le secteur immobilier. Parmi les dispositions phares, on trouve l’interdiction progressive de la location des passoires thermiques. À partir de 2025, les logements classés G ne pourront plus être mis en location, suivis des logements F en 2028 et E en 2034.

Cette loi impose aux propriétaires de réaliser des travaux de rénovation énergétique pour améliorer la performance de leurs biens. Selon Jean Dupont, expert en rénovation énergétique : « Cette mesure va contraindre de nombreux propriétaires à investir dans la rénovation, mais c’est un mal nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques. »

La loi prévoit des aides financières pour accompagner les propriétaires dans cette transition, notamment le dispositif MaPrimeRénov’. En 2022, plus de 650 000 dossiers ont été validés, représentant un montant total de 2,06 milliards d’euros d’aides accordées.

La réforme du diagnostic de performance énergétique (DPE)

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) a connu une refonte majeure en juillet 2021. Le nouveau DPE prend désormais en compte les émissions de gaz à effet de serre en plus de la consommation d’énergie. Cette réforme vise à offrir une évaluation plus précise et fiable de la performance énergétique des logements.

Le calcul du DPE est désormais basé sur la consommation théorique du logement et non plus sur les factures d’énergie. Cette méthode permet une comparaison plus juste entre les biens immobiliers. Marie Martin, diagnostiqueuse immobilière, explique : « Le nouveau DPE offre une vision plus réaliste de la performance énergétique d’un logement, ce qui aide les acheteurs et les locataires à faire des choix éclairés. »

Cette réforme a entraîné un reclassement de nombreux logements. Selon les chiffres du ministère de la Transition écologique, environ 17% des logements ont changé de classe énergétique suite à cette réforme.

L’encadrement des loyers : une mesure qui s’étend

L’encadrement des loyers, initialement expérimenté à Paris et Lille, s’est étendu à d’autres villes françaises. Cette mesure vise à limiter les hausses de loyer dans les zones tendues où la demande est supérieure à l’offre.

Le dispositif fixe un loyer de référence pour chaque quartier, avec un loyer plafond ne pouvant dépasser ce loyer de référence de plus de 20%. Sophie Durand, avocate spécialisée en droit immobilier, commente : « L’encadrement des loyers est un outil efficace pour maintenir l’accessibilité du logement dans les grandes villes, mais il faut veiller à ne pas décourager l’investissement locatif. »

À Paris, où la mesure est en place depuis 2019, on constate une stabilisation des loyers. En 2022, la hausse moyenne des loyers dans la capitale n’était que de 0,8%, contre 3% en moyenne nationale.

La loi ELAN : simplification et digitalisation

La loi ELAN (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique) a introduit plusieurs mesures visant à simplifier les procédures immobilières et à favoriser la construction de logements.

Parmi les innovations, on trouve la possibilité de signer électroniquement les baux de location et l’état des lieux. Cette digitalisation facilite les démarches pour les propriétaires et les locataires. Pierre Leroy, agent immobilier, témoigne : « La signature électronique a considérablement accéléré nos processus. Nous pouvons désormais finaliser une location en quelques heures au lieu de plusieurs jours. »

La loi a aussi assoupli certaines normes de construction, notamment en matière d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Désormais, seulement 20% des logements neufs dans les immeubles collectifs doivent être accessibles, contre 100% auparavant. Cette mesure vise à réduire les coûts de construction et à stimuler la production de logements.

Le renforcement de la lutte contre les locations touristiques illégales

Face à la prolifération des locations de courte durée via des plateformes comme Airbnb, de nouvelles réglementations ont été mises en place pour encadrer cette pratique et préserver l’offre de logements pour les résidents permanents.

Dans les villes de plus de 200 000 habitants et dans la petite couronne parisienne, les propriétaires doivent obtenir un numéro d’enregistrement auprès de la mairie pour pouvoir louer leur résidence principale plus de 120 jours par an. Les amendes pour non-respect de ces règles ont été considérablement alourdies, pouvant atteindre 50 000 euros par logement.

Luc Dubois, responsable d’une association de propriétaires, commente : « Ces mesures sont nécessaires pour maintenir un équilibre entre l’attractivité touristique et le besoin de logements pour les habitants. Toutefois, il faut veiller à ne pas trop restreindre la liberté des propriétaires. »

À Paris, ces mesures ont eu un impact significatif. Entre 2020 et 2022, le nombre d’annonces sur Airbnb a diminué de 15%, libérant ainsi des logements pour la location longue durée.

La réforme de la copropriété : vers une gestion plus efficace

La loi ELAN a introduit plusieurs changements dans la gestion des copropriétés. L’objectif est de faciliter la prise de décision et d’améliorer l’entretien des immeubles.

Parmi les principales mesures, on trouve la possibilité de tenir des assemblées générales par visioconférence, la création d’un fonds de travaux obligatoire, et l’abaissement des seuils de majorité pour certaines décisions importantes.

Émilie Blanc, syndic de copropriété, explique : « Ces réformes ont considérablement fluidifié la gestion des copropriétés. Les assemblées générales en ligne ont augmenté la participation des copropriétaires, et le fonds de travaux permet d’anticiper les grosses réparations. »

Selon une étude de l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat), 55% des copropriétés ont mis en place un fonds de travaux depuis l’entrée en vigueur de la loi, ce qui devrait contribuer à réduire le nombre de copropriétés dégradées à long terme.

Ces nouvelles lois et réglementations transforment en profondeur le paysage immobilier français. Elles visent à répondre aux défis contemporains : lutte contre le changement climatique, accessibilité du logement, modernisation des pratiques. Bien que certaines mesures puissent sembler contraignantes à court terme, elles devraient contribuer à créer un parc immobilier plus durable, plus équitable et mieux adapté aux besoins des Français. Les professionnels du secteur et les propriétaires doivent s’adapter à ces changements, qui ouvrent la voie à un marché immobilier plus responsable et plus transparent.